Femme à sa toilette, Étienne TOURNÈS (Seix, Ariège, 1857- Paris, 1931)
Huile sur toile, signée en haut à droite
Dimensions sans cadre 46×32 cm
Dimensions avec cadre 69×55 cm

Élève de Cabanel, Étienne Tournès a peint en virtuose des scènes d’intimité aux savants contrastes colorés ou des effets de clair-obscur, et sa peinture douillette et caressante n’est pas exempte de charme. Il a exposé à la Société Nationale des Beaux-Arts et fut élevé en 1896 au rang de chevalier de la Légion d’honneur.
Parmi les musées qui se portèrent acquéreurs de ses œuvres, citons Une femme à sa toilette peinte en 1902 et exposée au Musée d’Orsay (voir photo à la suite des photos de détail de notre tableau), Une jeune femme endormie au Musée de Bordeaux, ainsi que les Musées de Dijon et Göteborg.

Ainsi notre tableau séduit-il par sa mise en page, sa filtration vaporeuse de la lumière, rejetant le reflet du modèle à l’arrière-plan et conduisant notre regard jusque dans le miroir posé au mur. Le peintre fait montre de tout son talent à représenter ce dos féminin presque dénudé, usant d’un sfumato et peignant une atmosphère d’intérieur digne d’un tableau du maître danois Vilhelm Hammershøi.
La cruche au ton céladon, la jolie frise du vêtement scindant le dos du modèle, les plis bleutés de sa robe, l’extrême onctuosité presque laiteuse de sa peau, chaque détail irisé de petites touches blanches de lumière traduit une sensibilité aiguë de la part d’Etienne Tournès. Le jeu de lumière est merveilleux, car le peintre nous guide jusqu’à sa source dans la partie supérieure du miroir, d’où l’on imagine celle-ci se diffuser à l’autre bout de la pièce. La force de notre sujet est aussi dans sa verticalité, sous forme de portrait inversé, préservant le mystérieux anonymat de cette femme peinte de dos. Merveilleuse qualité de cette peinture, que celle d’animer des accords d’une rare et précieuse harmonie.