Nature morte aux pommes, attribuée à Charles BICHET (1863-1929)
Huile sur toile, non signée, l’artiste a dressé au dos une autre nature morte inachevée et craquelée par le temps
Dimensions avec cadre 56×48 cm
Dimensions sans cadre 40×33 cm

Volume, couleur et lumière caractérisent cette œuvre que nous attribuons sans aucune hésitation à ce peintre Limougeaud que nous connaissons bien, Charles Bichet. Exposant à l’exposition Universelle en 1889 et au salon des artistes Français à Paris dès 1896, il est recruté à l’Ecole des arts décoratifs de Limoges comme professeur de dessin où il enseignera pendant 34 ans.
En 1903, Charles Bichet amorce un profond bouleversement de son esthétique. Influencé par les Impressionnistes, notamment ceux du legs de Gustave Caillebotte, il commence par éclaircir sa palette, élargir sa facture, délaissant progressivement les conventions académiques. En 1906 et 1907, après avoir fait table rase de ses œuvres en brûlant presque la totalité en une nuit, un autodafé de plus de trois cent toiles, l’artiste accumule les études de pommes qu’il expose à la galerie Dalpayrat à partir de 1907. Bichet obtient de nombreuses récompenses dont une médaille d’argent dans la section peinture lors de l’exposition de Tulle en 1923. Artiste proche d’Armand Guillaumin, Eugène Alluaud, Léon Jouhaud et Auguste Arridas, une grande rétrospective de son œuvre est organisée à sa mort en 1929 à la galerie Dalpayrat à Limoges.
Nous pouvons facilement dater cette toile autour de 1906-1910, où, en pleine tourmente, Charles Bichet « fourragea dans ses cartons et détruisit beaucoup de ses charmants dessins, de délicates aquarelles, qui ne répondaient plus à ces pensées; les toiles furent retournées, repeintes ou lessivées, il fallait que des qualités fussent bien apparentes pour qu’il se contentât de les déclouer et de les remiser, roulées négligemment dans un coin du grenier… » écrit Léon Jouhaud dans un livre qu’il fait paraître sur notre peintre en 1923.
Comme notre nature morte aux pommes, plusieurs œuvres conservées au musée des Beaux-Arts de Limoges témoignent de cette réutilisation de la toile: peinte sur les deux faces, parfois dans des styles éloignés.
A l’occasion d’une exposition des œuvres de Bichet à la galerie Dalpayrat au printemps 1914, la critique est élogieuse: « Dans ses œuvres, la nature n’est point copiée mais interprétée d’une façon juste et puissante. Charles Bichet excelle à faire jouer la lumière dans ses peintures. Les tons, même les plus vifs, les plus chauds, vibrent, sans se heurter. Ils laissent une impression d’harmonie et de grand équilibre. C’est là un résultat atteint par bien peu d’artistes. Ces qualités de coloriste, jointes à celles d’un dessinateur émérite, valent au maître Bichet sa belle réputation qui n’est d’ailleurs qu’un juste hommage rendu à son très grand talent » ( Journal le Populaire du Centre, 23 mai 1914).
Assurément, notre tableau réunit tout cela.

Still life with apples, attributed to Charles BICHET (1863-1929)
Oil on canvas, unsigned, the artist painted an unachieved work in the back
Dimensions with frame 22×19 inches
Dimensions without frame 17×13 inches

Volume, color and light is what characterize our painting, which we attribute without any doubt to artist Charles Bichet, an artist we are very fond of and that we know well at the gallery for having collecting and selling his work in the past. Exhibiting at the exposition Universelle in 1889 and at the salon des artistes Français since 1896, l’Ecole des arts décoratifs in Limoges recruited him as a drawing professor for 34 years.
In 1903, influenced by the impressionnistes nourishing the famous donation Caillebotte, Bichet turned his style, cleared up his palette, opened wide his technique, giving up with academic rules. In 1906 and 1907, after committing his own autodafé by burning more than three hundred artworks from his production in one night, Bichet went back to work and started an impressionist série of paintings with apples subjects, still lives, using a fauve technique with bright colors and powerful contrasts, that he showed after 1907 at the galerie Dalpayrat in Limoges.
We can easily date our painting from the 1906-1910 period, after his artist friend Leon Jouhaud described in a book the destruction of his production and the renewal of his inspiration. Bichet reused his canvases for other works, recycling old works from this disruptive period. Like our painting, some other artworks from Bichet showing at the museum of the Beaux-Arts in Limoges witness this period: painted on both sides of the canvas, inspired with an other subject.
During the exhibition at the galerie Dalpayrat during spring of 1914, the critics are laudatories: « In his work, nature is not copied but only interpreted with a fair and powerful consciousness. Charles Bichet excels with light in his paintings. Tones, even the most lively, vivid, warm ones from his palette, are vibrating without interacting with each other, leaving us with a great impression of harmony and balance. This is here a result that only a few can achieve. His artistic skills as a colorist mixed with an emeritus drawer, are worth to master Bichet his kind reputation, truly deserving the fair tribute given to his talent… »(Journal Le Populaire du Centre, May 23rd, 1914).
Undoubtedly, our painting reunites all this.