Le Printemps, Charles BICHET (Paris, 1863-Limoges, 1929)
Huile sur toile titrée au dos et datée 1922, monogrammée en bas à gauche
Dimensions sans cadre 35×27 cm
Dimensions avec cadre 50×45 cm

Élève de Chevallier-Chevignard à l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris, Charles BICHET participa au Salon des Artistes Français, notamment en 1903, 1904 et 1905. Dès l’âge de vingt ans, il fut nommé professeur de dessin des écoles à Paris, et en 1890, professeur à l’Ecole des Arts Décoratifs de Limoges.
Si dans un premier temps, il resta très classique dans son style, il changea délibérément à partir de 1903 et opta pour une peinture claire, vibrante, dans la suite des impressionnistes. Ce qui le conduisit à faire l’autodafé d’une grande partie de ses œuvres en 1906, environ trois cent toiles, destruction irréversible, pour ensuite élargir sa facture, éclaircir sa palette et la rendre plus chaude.

“Sous mes yeux, un tout: volume, lumière , couleur se complètent. Je sens que je ne peux dissocier ces trois éléments, ou sacrifier l’un à l’autre, sans amoindrir le résultat qui doit être de plénitude.” Tel un concept qui apparaît progressivement dans la carrière de notre peintre, il s’épanouit enfin dans l’exploration stylistique et dans la manière cézanienne et fauve.

Posées dans une touche fragmentée sur la toile, les couleurs de notre tableau semble faire vibrer l’onde de la lumière dans les arbres. La pâte est épaisse, déposée par de petites touches très distinctes en un papillotement. Les couleurs vives comme libérées font la forme, et à travers ce tableau, c’est toute l’expression d’une jouissance de peindre qui transparaît chez notre peintre. L’influence fauve est aussi explicite. Le motif du tronc d’arbre est perçu à travers le regard singulier du peintre: il rend ainsi un jaune- certes non pur car mélangé de blanc , de vert et de rose, intensément lumineux. Les touches de vert au sol, de jaune sur les arbres et de violet-rose à l’arrière-plan apportent une vibration très sensible à cette toile.

À elle seule, cette critique élogieuse au printemps 1914 résume tout le talent de Charles Bichet:
“ Dans ses œuvres, la nature n’est point copiée mais interprétée d’une façon juste et puissante. Bichet excelle à faire jouer la lumière dans ses peintures. Les tons, même les plus vifs, les plus chauds, vibrent sans se heurter. Ils laissent une impression d’harmonie et de grand équilibre, c’est là un résultat atteint par bien peu d’artistes. Ces qualités de coloriste, jointes à celles d’un dessinateur émérite, valent au maître Bichet sa belle réputation qui n’est d’ailleurs qu’un juste hommage rendu à son très grand talent.”

Ses tableaux sont exposés au Musée des Beaux-Arts de Limoges. En 1922, année où fut peinte notre œuvre Le printemps, Charles Bichet exposa des tableaux représentant des sites du Limousin à la galerie Dalpayrat à Limoges où fut loué son génie de la composition et de la stylisation qui sont les premières qualités d’un professeur d’art décoratif. Notre tableau pourrait avoir fait partie de ces œuvres exposées.